Le Pèlerin

 

                                                                                                            Poèmes de l'Aurore

 

              

 

 

 

En avançant toujours dans ce pays hostile,
Du Pèlerin je prends l'aspect ;
Je ne peux un instant prendre un repos tranquille
Sous l'ombrage frais et discret
Et je ne puis cueillir dans la verte prairie
Les plus belles fleurs d'ici-bas,
Ni passer un moment près d'une source amie
Quand sous le soleil je suis las.

 


Cependant j'ai des fleurs que porte ma poitrine
Dont nul jardin n'a la fierté :
Le lis immaculé qu'offre la paix divine,
La rose aux tons de charité,
Qu'entourent les bleuets, fleurs de la foi fervente,
Et de l'espoir les boutons d'or,
Lorsque je marche seul sur la route ascendante
Au sein du plus riche décor.

 


Pour protéger ce choix j'ajuste ma cuirasse
Car l'ennemi rode en chemin ;
Je veille car je crains toujours qu'il me pourchasse
Et d'être une proie en sa main.
Je fuis l'amour humain et ne me réfugie
Contre le sein d'aucun mortel :
Près de mon Bien-Aimé — invisible effigie,
Je goûte le repos réel.


Le chemin apparaît ténébreux et pénible
Au terrestre et distant regard ;
Il n'y voit seulement que l'épine terrible
Qui se dresse de toute part.
Il ne discerne pas combien la route engage
Que l'amour fleurit avec soins,
Les endroits lumineux, le verdoyant herbage
Où Jésus dirige les Siens.

 


Il ne peut voir, du fait du nuage contraire
Qui tient le Pèlerin caché,
Là-bas, vers l'orient, au fond de la clairière,
La riche gloire s'épancher.
Il ne peut écouter dans le bruit fantastique
L'air favori du voyageur
Qui se mêle toujours avec l'hymne angélique,
Autour de Ton Trône, ô Seigneur.

 


Ainsi, toutes les fleurs que Ta bonté me donne
Reposent toujours sur mon sein,
Tandis que tour à tour, lorsque chaque heure sonne
Je suis un peu plus près du Tien.
Ainsi mes lèvres font retentir Ton Cantique,
Le plus doux des accords pour moi.
Ainsi croît à mes yeux la gloire magnifique
Qui doit réunir tout en Toi.

 

 

                                                                  Auteur inconnu